Vous souhaitez initier une forêt comestible publique ou un jardin-forêt communal dans votre commune, et vous ne savez pas comment vous y prendre ? Dans cet article, voici quelques pistes pour savoir comment obtenir un terrain, des financements et fédérer un groupe de motivés autour du projet.

1/ Présenter le projet de forêt comestible publique à la mairie pour obtenir un terrain public.

Ça y est, vous avez décroché un rendez-vous avec le maire ou l’un de ses adjoints. Lors du rendez-vous, vous pouvez vous munir d’un support de présentation qui vous permettra d’introduire brièvement le concept et d’étayer votre propos.

La présentation doit rester synthétique et ne pas dépasser une dizaine de minutes. Il s’agit de faire comprendre le concept et de répondre aux questions : quoi, qui, quand, où, comment. Il s’agit aussi de faire comprendre à la mairie que ne pas soutenir ce projet, c’est passer à côté d’une excellente opportunité de voir se concrétiser un projet fédérateur, bon pour l’environnement et peut-être même l’économie de la commune !

Voici un exemple de présentation.

À la fin du rendez-vous, pensez à demander si la mairie dispose de terrains qui sont actuellement inutilisés et qui seraient adaptés pour un tel projet. Il y en a certainement !

2/ Faire connaître le projet pour fédérer un groupe de motivés

Un projet sur l’espace public a forcément pour vocation de tisser du lien social, de sensibiliser et de générer des échanges. Ainsi, vous ne devez pas rester seul sur ce projet ! Mais comment identifier d’autres personnes motivées pour rejoindre l’aventure ?

Vous pourriez déjà créer un groupe thématique sur les réseaux sociaux. Par exemple, quand je suis arrivée dans le Lot j’ai créé le groupe Facebook « Autonomie Alimentaire Lot », dans lequel j’ai partagé mes expériences, ce qui m’a permis de me faire connaître et de rencontrer rapidement des personnes avec les mêmes centres d’intérêts.

Ensuite, une fois que j’ai identifié 2 ou 3 personnes sur Cahors, le sous-groupe « Autonomie Alimentaire Cahors » est né et nous avons pu créer notre association pour lancer nos projets d’agora d’agriculture urbaine et de jardin-forêt communal ! Aujourd’hui, plus de 1000 personnes ont rejoint le groupe Facebook et cela facilite l’organisation d’évènements.

Vous pourriez aussi organiser une réunion publique pour présenter le concept de forêt comestible publique et parler de votre projet. La réunion publique s’organise avec l’aval de la mairie, qui pourra alors diffuser la rencontre dans ses propres canaux de communication. Il s’agira pendant cette réunion de donner envie aux personnes venues d’avoir un tel lieu près de chez elles. Vous pouvez pour cela présenter quelques exemples déjà existants en France.

À la fin de la réunion, pensez à consacrer un temps pour identifier les personnes qui ont d’ores et déjà envie de s’impliquer, à recueillir leurs adresses mails. Vous avez à présent tout ce qu’il faut pour lancer une newsletter et fixer un rendez-vous pour la première réunion de conception du projet !

Voici un exemple de dossier de presse.

3/ Monter une association pour signer la convention d’utilisation du terrain

Votre mairie est à présent partante, vous avez identifié des personnes motivées ainsi que le terrain adapté. Il s’agit alors d’assurer la maîtrise foncière du site, ce qui vous sera utile pour prétendre à des subventions.

La mairie vous demandera de signer une convention d’occupation du terrain. Bien souvent, ce n’est pas possible de signer cette convention en tant que particulier, il vous faudra être représenté par une association. C’est l’occasion de monter votre propre association ! Cela vous sera également utile pour faire des demandes de financement.

Exemples d’associations :

La convention se doit de préciser la durée pendant laquelle vous êtes autorisé à utiliser le terrain. Étant donné que vous allez planter des arbres, pour certains qui ne porteront pas leurs fruits avant de nombreuses années, il convient de signer une convention pour la plus longue durée possible. On parle alors de bail emphytéotique, pour une durée de 25 ans, 30 ans, 99 ans…

C’est à vous de négocier la durée du contrat. Dans certains cas, la mairie demandera une période d’essai de sorte à avoir les garanties que le projet va fonctionner en termes de participation et d’entretien. À vous de faire en sorte que l’arrangement soit gagnant-gagnant !

Dans la convention, il devrait être clairement mentionné qui fait quoi. Par exemple, qui entretien le site (l’association ou les espaces verts), qui paye le matériel, quelles sont les modalités de communication sur ce projet, etc.

Voici un exemple de convention.

4/ Faire un dossier de demande de subvention pour obtenir des moyens financiers

Vous disposez de votre terrain, de votre association, et vous êtes prêt à lancer le projet de forêt comestible. Vous avez maintenant deux démarches à mener en parallèle :

  • La conception participative du projet
  • Faire une demande du subvention (si vous avez besoin de fonds)

La demande de subvention peut être adressée à un organisme public (mairie, communauté de commune, département, région, ministère de l’environnement, etc.) ou à un organisme privé (de type fondation). Elle peut répondre à un appel à projet existant, et dans ce cas il faudra suivre le cadre fixé par le dossier, soit être émise spontanément. Dans ce dernier cas, vous aurez plus de chances de votre côté si vous commencez par identifier un interlocuteur dans l’organisme en question, qui saura vous dire si vous avez des chances d’obtenir satisfaction et vous orienter sur la bonne façon de constituer le dossier.

Dans le dossier de demande, vous devrez présenter votre budget prévisionnel et votre calendrier prévisionnel. Il est donc nécessaire d’avoir déjà une idée même imprécise du design de votre forêt comestible et des investissements nécessaires. Par exemple, combien d’arbres comptez-vous planter, devez-vous investir dans une cabane à outils, une clôture, des équipements pour la gestion de l’eau, etc. Les réponses à cette question dépendent des objectifs de votre projet. Il est possible de faire une forêt comestible à moindre coût (si vous partez de semis direct par exemple) ou à coût élevé (si vous installez par exemple un système d’irrigation car vous visez une entrée en production très rapide).

Il est important de fixer les objectifs du projet de manière collective en accord avec tous les participants au projet (que ce soit les volontaires, la ville, et tous les acteurs concernés comme potentiellement les écoles, les services techniques, d’autres associations, etc.).

Voici un exemple de dossier de demande de subvention.

5/ Problèmes potentiels rencontrés

Peut-être que la mairie ou le voisinage soulèvera des risques potentiels qui vont faire obstacle à la mise en route de votre projet de forêt comestible publique. Parmi eux :

  • Le risque de pollution sur la parcelle : en ville ou en banlieue, beaucoup de sols sont pollués du fait de certaines activités agricoles ou industrielles. Commencez par vous renseigner sur l’historique de la parcelle. Certaines communes sont prêtes à investir jusqu’à 20 000€ pour faire une analyse fine de la pollution du sol. Mais pour d’autres cela sera un obstacle. Sachez que vous pourriez faire un premier échantillonnage pour quelques centaines d’euros. Et n’oubliez pas qu’une forêt comestible est aussi une technique de régénération du sol. La vie microbienne favorisée par la présence de famille de plantes densifiées et diversifiées permet de jouer un rôle de phytoremédiation dans le sol. Une étude de dépollution par un système de jardin-forêt est en cours en Meurthe et Moselle dans une ancienne friche industrielle.  
  • Le risque de dégradation : selon l’emplacement du site dans un quartier plus ou moins passant, on se préoccupera du risque de vol ou de dégradation. Le risque existe effectivement, en particulier sur certaines plantes facilement reconnaissables ou prisées (comme la vigne). Mais rassurez-vous, un projet de forêt comestible publique est peu clivant et sert l’intérêt commun, vous pourrez donc compter sur la bienveillance du plus grand nombre. Petit conseil, si vous optez pour une étiquette pour chaque plante, préférez inscrire son nom latin !
  • Le risque du manque d’entretien du lieu : en occupant un espace public, vous vous engagez à façonner un cadre de vie agréable qui répond à des standards d’esthétique paysagère. Les élus pourraient avoir peur que le lieu soit laissé à l’abandon, ressemble à une friche et démontre une faible participation sur le projet. Rassurez-vous, l’entretien que nécessite une forêt comestible est faible par rapport à un système de production alimentaire classique. Et ce type de projet est suffisamment fédérateur pour que vous puissiez avoir suffisamment de volontaires pour assurer les différentes tâches en rôle tournant.
  • Le risque lié aux allergies ou aux confusions des essences comestibles vs toxiques : vous vous apprêtez à implanter des comestibles sur l’espace public, mais toutes les parties des plantes ne sont pas comestibles, et il peut y avoir des plantes spontanées toxiques qui se glissent dans le système. Ainsi, vous aurez le devoir d’établir une signalétique claire pour prévenir des risques liés à la consommation de ces plantes. Ce sera aussi l’occasion d’organiser des ateliers pédagogiques !  

Conclusion

Vous connaissez à présent tous les outils administratifs pour lancer votre projet de forêt comestible publique !

À présent, vous pouvez vous pencher sur les aspects techniques, à savoir l’analyse du site, le zonage, le choix des essences végétales, le plan de plantation, etc. Et également sur les aspects humains, à savoir la communication, l’organisation de chantiers participatifs et d’ateliers pédagogiques, la vie associative, etc.

N’oubliez pas de référencer votre projet sur cette carte interactive.

Et de partager votre retour d’expérience sur le groupe Facebook Forêts comestibles publiques.   

Cela permettra à d’autres personnes de rejoindre votre projet, ou de leur donner envie d’en lancer un similaire dans leur commune !

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