Je me mets à table : voici ce que j’ai mangé aujourd’hui (dans le cercle intérieur), et les ingrédients que j’ai utilisés (le cercle extérieur). Je vais analyser mon menu selon 4 critères : santé, prix, provenance, et impact écologique du type de culture. Puis je tirerai des conclusions sur les actions à mener à mon niveau individuel pour l’améliorer!

Dans le cercle intérieur, ce que j’ai mangé aujourd’hui. Dans le cercle extérieur, tous les ingrédients utilisés.

Le détail du menu

D’abord, regardons le menu dans le détail! Voici la description de tous les plats :

Ce menu constitué de 32 ingrédients différents reflète mon alimentation quotidienne quand je suis à la maison. C’est-à-dire végétale, avec beaucoup d’aliments crus et fermentés, concentrée entre 11h30 et 18h30 car je pratique le jeune intermittent le reste de la journée. Ici, tous les plats sont fait maison.

Santé : 70% d’ingrédients consommés crus ou fermentés

D’abord, je vérifie grâce à l’application de Cronometer que mon menu est correct sur le plan de la santé. Je rentre tous les ingrédients dans le logiciel, en précisant pour chacun le mode de préparation et la quantité. Je précise aussi mon âge, mon sexe et la quantité d’exercice physique effectuée ce jour.

On remarque que mon menu m’apporte pile poil le nombre de calories dont j’ai besoin aujourd’hui. Il contient 60% de glucides, 30% de lipides et 10% de protéines, ce qui correspond aux recommandations générales.

Le tableau de bord montre aussi que ce menu répond à mes besoins en micronutriments, sans surcharges ni carences. Je suis légèrement en dessous de 100% concernant le calcium, vitamine B2 et les oméga 6, ce que je compenserai les jours prochains. La vitamine B12 est à zéro, car le logiciel ne prend pas en compte que les aliments lactofermentés en contiennent. Concernant les surcharges, il est par exemple très important de surveiller que la jauge “Trans-Fat” soit la plus basse possible.

Mon régime est composé de 60% d’ingrédients crus, 13% d’ingrédients fermentés, 10% d’ingrédients cuits, et 16% d’ingrédients “transformés”. Par ingrédients transformés, j’entends ceux achetés déjà conditionnés ou préparés, comme l’huile d’olive, la moutarde, le chocolat, le sucre ou le vinaigre.

Nombre d’ingrédients consommés crus, cuits, fermentés ou transformés

J’ai adopté ce type de régime végétal avec beaucoup de cru en 2015, cela m’a apporté de multiples bénéfices. Je ne tombe plus malade, j’ai une peau saine, bien plus d’énergie et d’endurance. C’est probablement parce que le fait de manger cru, fermenté, avec beaucoup de feuilles vertes est non acidifiant et favorise la bonne santé du microbiote intestinal. Pour en savoir plus sur ce type d’alimentation, je vous conseille parmi d’autres les travaux du biologiste Dr Marc-André Selosse ou encore de la microbiologiste Dr Marie-France Puyo-Lartigue, spécialiste de la restauration du microbiote intestinal par l’alimentation symbiotique.

Prix : un menu pour 3€

Le prix total pour la journée s’élève à un peu moins de 3€. Il faut noter que tous les ingrédients sont issus soit de la nature environnante, soit de l’agriculture biologique. En fait, 47% des ingrédients ne m’ont rien coûté, puisque récoltés et conservés par ma famille dans l’année. C’est le cas des noix, des figues, des pommes, des fraises, et de toutes les feuilles sauvages. Le prix mentionné ne représente que le prix d’achat des ingrédients (je n’ai pris en compte ni le coût énergétique de la préparation, ni le prix du transport pour aller faire les courses).

Provenance : 60% des ingrédients à l’intérieur du département

47% des ingrédients proviennent d’un rayon de 500 mètres autour de chez moi. 13% viennent du département (les petits producteurs bio). 6% proviennent de la région (les graines oléagineuses), 28% du pays (les céréales, légumineuses et produits transformés). Et 6% de l’étranger (le sucre et le chocolat).

Impact écologique : 41% des ingrédients issus d’une monoculture

Voyons maintenant l’impact écologique de chaque ingrédient, en rapport avec la façon dont il est cultivé. Pour simplifier, je distingue quatre catégories de culture qui ont un impact écologique soit plutôt positif, soit plutôt négatif :

  • le type “sauvage” : l’impact est positif, car les plantes sauvages poussent toutes seules sans intervention humaine. Elles participent à la biodiversité et la santé du sol.
  • le type “forêt comestible” : l’impact est positif, ce sont les produits issus d’un arbre de mon environnement ou d’un producteur de proximité, cultivé (voire élevé) en symbiose avec l’écosystème (et non en monoculture). Une forêt comestible est un écosystème autonome et résilient tel une forêt naturelle. L’arbre rend de multiples services à l’homme et à l’environnement.
  • le type “potager” : il s’agit de la culture de légumes annuels de saison nécessitant de l’intervention humaine. L’impact écologique est plutôt faiblement négatif, en général on parle d’une empreinte carbone de 0,23 kgCO2 par kg de légumes.
  • le type “monoculture” : il s’agit de toutes les cultures de céréales, légumineuses, racines ou herbacées provenant d’une grande exploitation spécialisée. C’est l’impact écologique le plus négatif de mon menu. En effet, une monoculture nécessite plus d’intervention humaine, de mécanisation, d’eau, d’intrants. Elle conduit à l’appauvrissement des sols.
    • Ici je n’ai consommé que des végétaux. Mais dans le cas d’un menu traditionnel il faudrait rajouter les catégories liées à l’élevage intensif qui ont notamment une empreinte carbone très élevée.

On observe que 47% de mes ingrédients sont sauvages ou proviennent d’une forêt comestible, mais que 41% proviennent d’une monoculture. Voici certainement un point à améliorer!

Les pistes d’amélioration

Il aurait aussi été intéressant d’examiner d’autres paramètres, comme la quantité de déchet émise ou l’impact écologique du mode de préparation des aliments. Mais déjà, au vu de cette analyse, comment puis-je agir à mon niveau individuel pour améliorer chacun de ces quatre aspects?

1.Pour commencer, je peux m’engager dans une démarche d’autonomie alimentaire. Je peux continuer à cultiver mes propres produits sur mon propre terrain, et aussi sur les espaces publics en créant un collectif dans mon quartier. Cela me permettra d’accéder à une plus grande diversité d’aliments gratuits, donc de réduire encore le prix de mon menu tout en diminuant les distances de provenance. Au passage, je participerai à augmenter la résilience alimentaire de ma ville et de mon département.

On peut citer l’excellent exemple de Graines de Quatorzien, un programme participatif pour planter du blé dans les espaces publics de la capitale et en faire du pain. Il y a aussi tous les groupes Autonomie Alimentaire 2020 régionaux et locaux pour se rencontrer entre citoyens motivés, échanger les savoir-faire, les semences et trouver des compagnons pour cultiver ensemble l’espace public. On arrive plus facilement à l’objectif quand chaque personne du collectif fait un tout petit effort, plutôt que quand une poignée de personnes fait un travail acharné.

2.Ensuite, je souhaite privilégier la culture de forêts comestibles. En effet, je pourrais certainement me passer du côté réconfortant du chocolat si j’ai accès à plus de fruits juteux et sucrés, et d’oléagineux gourmands type noisettes, amandes, noix de torreya… De même pour le sucre, je pourrai le remplacer par de la sève d’arbre, comme l’érable ou le bouleau. Dans son livre, Fabrice de la forêt gourmande nous apprend qu’il y a 7000 espèces comestibles en climat tempéré. Je suis impatiente de les mettre dans mon assiette!

Et vous? À quoi ressemble votre menu quotidien selon ces 4 aspects, et comment pourriez-vous l’améliorer à votre échelle?

Pour aller plus loin :

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